Expérience : j'ai déshabillé un "masculin"
Vous n’avez pas été sans remarquer que depuis quelques jours les campagnes médias s’affolent autour de ce que l’on pourrait qualifier de nouveau phénomène : les masculins généralistes.
Ils s’appellent QG, Optimum et n’ont rien à voir avec FHM, Chocs ou Foot Magazine. Les masculins seraient apparemment une nouvelle race de presse dont le concept se rapproche étrangement d’un ELLE, même si le créateur de l’un d’entre eux s’en défend fortement. T’as qu’à croire Charles… Heu, Xavier !
Ainsi les hommes, qui ont longtemps considéré les Biba, Cosmo et autres Marie-Claire comme des journaux de « Bonnes Femmes » - qu’ils n’hésitent cependant pas à nous piquer pour les lire en cachette dans les toilettes – ont enfin LEUR masculin.
C’est donc le cœur vaillant que j’ai décidé de me plonger dans la lecture de l’un d’entre eux – QG pour ne pas le nommer – afin de vous faire part de mes premières impressions. Lovée dans le canapé et tasse de thé en main, je me lance à l’assaut.
Premier constat : N’y aurait-il pas plus de pub que dans mon ELLE ? Réponse : Oui.
Il ne m’a fallu pas moins de 28 pages de mises en scène de belles montres, beaux costumes et belles lunettes pour parvenir enfin à la page sommaire.
Conclusion : lire un masculin, c’est un peu comme le parcours du combattant, pour voir les premières lueurs il faut en baver.
Mais ce ne sont pas ces quelques pages de réclames qui vont m’arrêter dans l’exercice de ma fonction. Je poursuis bravement ma lecture.
Je ne suis pas trop perdue. Les rubriques se déroulent à la manière d’un traditionnel féminin : ce qui fait l’actualité, la culture, l’interview de la star en couverture, la mode, la beauté,… A noter la rubrique « Aventure » que nous, pauvres filles perdues dans la jungle urbaine, avons préféré appeler « vacances ».
Quelques fines « plumes » viennent signer des articles (intéressants) pour la bonne conscience, mais dans l’ensemble cela reste sans grande personnalité. Ni réelle insolence, ni vraie intelligence, ni once d’humour. Même Madame Figaro est capable de mieux. C’est donc ça les hommes, des êtres chiants ?
Il est bien évident que l’homme se désintéresse du people. Enfin, c’est l’impression qu’il veut donner. C’est donc sous couvert de sujet politique que Frédéric Beigbeder, people parmi les people, vient interviewer François Bayrou.
Je pousserai même la remarque en disant que Beigbeder se sert de Bayrou comme de faire-valoir. Une habitude finalement pour le dandy de 99 francs que l’on apprend originaire du Béarn.
Et dire que dans les mêmes lignes, François affirme que « Le Béarnais n’est pas Bling-Bling ». C’est ce qui s’appelle ne pas avoir les yeux en face des trous.
Les pages s’ensuivent au fil d’une maquette tristoune pour arriver à Vincent Cassel en promo pour son nouveau film qui le verra apparaître en Jacques Mesrine. Pour la peine, il arbore fièrement une jolie moustache ‘70s.
Il n’en fallait pas plus à la rédaction pour proposer un sujet Style « La moustache revient ». Je sais que vous êtes quelques-uns à apprécier mais pour ma part c’est non :
- A ma connaissance, il n’y a guère que José Bové et mon voisin de 65 ans qui ont cédés à la tentation,
- Ca pique, ça gratte, ça chatouille. En bref, c’est pas toujours agréable,
- Vous en voyez souvent vous des bellâtres moustachus à part les quelques canons photographiés pour les besoins de l’article ?
Blabla, blabla, My god que c’est long. Blabla, blabla…
Ah, grand moment, GQ risque une rubrique culinaire. Bonne idée : les hommes cuisinent de plus en plus et ils aiment ça. Mauvaise idée : on les prend pour des handicapés de la casserole. Au menu du jour, une pauvre recette de pâtes à la carbonara sans crème et délicieusement nommées « Linguines à la ventrèche de porc ». C’est sûr, ça fait plus Palace.
Ceci dit, je ne me moque pas. Pour preuve, je n’ose même plus m’approcher d’une fiche recette ELLE de peur de ne pas savoir où trouver du lait de Bufflonne dans les rayonnages de mon Leclerc.
Enfin, je tourne la dernière page peu convaincue par ce que je viens de lire. En même temps me direz-vous, je ne suis pas la cible, je ne suis pas un homme (j’ai vérifié au cas-où). Une phrase de l’édito vient concrétiser ma pensée « Le GQ français s’affirmera masculin, beau et intelligent ». C’est ce qui s’appelle un positionnement égocentrique et vide de sens et de créativité.
Je suis prête à parier mon plus beau boxer que nos hommes ne changeront finalement pas leurs habitudes : à leur magazines de « Bonshommes », ils préfèreront toujours chaparder nos journaux de « bonnes femmes ».
Note de l’auteur : Vous l’avez compris, l’auteur n’a pas aimé GQ mais si elle peut oser des idées d’articles pour les prochains numéros qui feront avancer la cause masculine, c’est avec plaisir. Par exemple « le fer à repasser est ton ami », », « Ma chérie, cette femme qui travaille rentre », « Vécu : Comment j’ai appris à séparer le blanc de la couleur avant de faire une machine ». Après tout, les féminins sont aussi pédagogiques alors pourquoi pas les masculins. Comment croyez-vous que l’on a appris l’utilité du sex toy ?