L'amour est dans le pré d'à côté
Cher Agriculteur dans le pré,
Hier soir, je roulais sur la route qui longe votre lopin de terre lorsque je vous ai aperçu. Vous aviez vraiment fière allure sur votre tracteur ! Et là, cela m’a fait tilt : mais pourquoi est-ce que je cherche par monts et par vaux l’Amour alors qu’il se trouve à 300 mètres de la maison familiale ? Et si c’était vous mon cœur de camembert au lait fermier ?
Je dois dire que passer ma vie à la campagne à minima 30 kilomètres de la première galerie marchande Auchan ne faisait pas partie de mon objectif de vie. En toute objectivité, on est loin du cadre idyllique de « Martine petite fermière » : elle nous a bien menés en bateau cette pintade !
Les steaks qui mugissent à longueur de journée -, les odeurs pas très Chanel, la combinaison de travail caca d’oie en guise de tenue de gala, il faut tout de même avoir foi un minimum en l’Amour pour se lancer dans la vie avec un agriculteur. Mais bon désespoir pour désespoir, je préfère encore finir paysanne que cicatrisée. Comprennent ceux qui peuvent.
Regardons cependant le bon côté des choses : les œufs plus frais que frais, le jambon que l’on voit grandir, le grand air, les aides financières de la PAC (Politique Agricole Commune) permettant de s’offrir un Kelly de chez Hermès,… franchement, on a connu pire.
Par exemple, ma cousine qui est sorti avec un préposé au remplissage de Knaki Ball était bien plus à plaindre. Je vous passe les détails mais entre les vacances avec le CE au camping municipal de Bénodet, les repas toujours agrémentés de saucisses par esprit Corporate et ce pauvre gars qui a fini avec la Parkinson à force de laisser échapper ces boules de pue charcutières, il y a de quoi finir comme Mike Brant. Par la fenêtre.
Et puis pour toi, cher agriculteur, c’est quand même une chance considérable que je t’offre là. Une fille de la ville avec un bagage universitaire, rigolote, qui entretient une correspondance privée sur Facebook avec Boy Georges et jolie en plus, ce n’est pas donné au premier clampin venu. Alors surtout, si tu acceptes ma proposition, prends soin de moi en respectant ces quelques petites règles :
- Tranquille tu me laisseras. Ne me demande pas de mettre la main à la pâte surtout si l’on parle insémination manuelle,
- Dans une maison fleurie tu me logeras. Hors de question d’habiter l’étable qui sent le Whiskas avarié. Le foyer ce doit d’être en pierre apparente avec tout le confort moderne : volets électriques, écran plat, mobilier Stark, Wii Fit, jacuzzi… Paysan n’est pas antinomique de luxe. Enfin j’espère. Rassure-moi sur ce point quand même avant que l’on n’aille plus loin.
- De cadeaux tu me couvriras. Ce n’est pas acheter mon amour que d’avoir de temps en temps une petite attention qui m’évitera la dépression agraire. Une Audi TT, une robe très chère, un Mac Book aident bien souvent à ranimer la flamme. Par contre, oublie la moissonneuse Mercédès. C’est pas parce que c’est le prestige allemand dans les champs que ça l’est tout autant devant le casino de Biarritz. Tu comprends j’espère ? Hein que tu comprends ? Hé ho, je te parle !!
Bien évidemment, je suis également prête à faire quelques efforts pour te plaire comme par exemple me déguiser en Cerise de Groupama lors de nos jeux coquins. Il paraît qu’elle a beaucoup de succès auprès des laboureurs et ça ne m'étonne pas vraiment.
J’espère que cette alléchante proposition saura trouver écho même au fond de la bergerie. En attendant ton retour, je vais réviser les noms des petits des animaux ; on pourra faire des quizz dessus lors des longues soirées d’hiver.
Ta petite caille au lait de brebis,
BritBrit Chérie.
PS : Pense à soigner ta couperose, ça fait pedzouille
(c) BritBrit Chérie - 2010